Areva La Hague : à quand une transparence et une sûreté nucléaires ?

Cette nuit, un nouveau convoi de déchets nucléaires compactés par Areva a quitté le terminal ferroviaire de Valognes en direction de la Belgique. C’est à la faveur d’une information délivrée par des associations environnementales que les membres de la Commission locale d’information (CLI) de l’usine de retraitement des déchets nucléaires Areva ont pris connaissance de la date du convoi qui est parti la nuit dernière. Au lieu de répondre à la nécessaire transparence en matière d’information sur le nucléaire, l’entreprise Areva conforte une fois de plus le sentiment d’opacité en matière de transport de déchets, maintes fois dénoncée et encore récemment à l’occasion du dernier convoi de novembre 2010.

Au-delà de ce manque de transparence, Europe Ecologie – Les Verts s’inquiète de la sûreté interne au site industriel de la Hague et de celle liée aux convois de déchets nucléaires. L’Autorité de Sureté Nucléaire créée par l’Etat a en effet alerté la dernière CLI sur le fait que Areva ne lui déclare pas tous les « évènements » (accidents mineurs concernant les installations nucléaires de base). Selon l’ASN, cette déclaration est pourtant « la garantie d’obtenir un compte rendu mentionnant les causes, donc des actions correctives […] Par manque de temps, AREVA n’a pas beaucoup de retour d’expérience sur les signaux d’alerte faibles (« presque accidents ») ; mais du point de vue de la sûreté, l’ASN souhaite prendre en compte ces signaux faibles. ».

Pour Clara Osadtchy, porte-parole régionale d’ Europe Ecologie – Les Verts et conseillère régionale siégeant à la CLI d’Areva, « Ce dont s’inquiète l’Autorité de Sûreté Nucléaire montre qu’Areva manquerait dans une certaine mesure à sa mission d’information aux autorités sur des accidents dits mineurs. L’ASN a soulevé des anomalies relevant de la sûreté : il serait inquiétant que l’industriel ne prenne pas de mesures urgentes et demandées par l’Etat pour répondre aux exigences de sûreté et de sécurité que ses installations nucléaires, les plus radioactives de France, rendent obligatoires. Il s’agit aussi de la sécurité des travailleurs concernés par l’industrie : après le convoi de déchets nucléaires de novembre 2010 à destination de Gorleben, les agents SNCF ayant participé à son déroulement auraient déposé une main courante sur leurs conditions de travail, n’ayant pas bénéficié d’une protection à la hauteur des préoccupations sanitaires que soulève un tel transport radioactif. »

Pour Rudy L’Orphelin, porte-parole régional d’Europe Ecologie – Les Verts Basse-Normandie, « Il est inquiétant de voir le fossé grandissant entre l’investissement consacré par Areva dans les moyens de sûreté de ses installations et le coût toujours plus exorbitant d’un EPR dont la finalisation sans cesse repoussée laisse apparaître au grand jour l’irréalisme économique, au-delà des risques environnementaux liés à la relance du nucléaire. La campagne publicitaire en cours d’Areva a coûté plus de 15 millions d’euros : quelles sont les priorités de l’industriel ? »

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