Pour une stratégie de préservation de la Biodiversité
Programme Europe Ecologie Basse Normandie _ régionales 2010 : Pilier n°8 – Pour une stratégie de préservation de la Biodiversité
La biodiversité est le réservoir duquel nous tirons toutes nos ressources : elle nous nourrit, nous habille, nous soigne, nous chauffe…
et rend quantité de services gratuits. La nature nʼest pas ce qui reste quand on a tout aménagé, c’est un bien commun, indispensable à notre vie, notre bien-être et socle de nombreuses activités économiques.
La sauvegarder n’est pas seulement une question d’amour du vivant, mais de justice sociale. Car qui souffrira le plus de la hausse du prix de l’eau quand il faudra toujours plus de technique pour la dépolluer ? Qui souffrira le plus de la hausse des prix de la nourriture quand il faudra toujours plus d’un pétrole toujours plus cher pour fabriquer engrais et pesticides ? Qui aura le plus de mal à reconstruire quand inondations et tempêtes plus fréquentes et plus violentes endommageront les logements ? Si rien n’est fait, les plus fragiles d’entre nous paieront le plus lourdement la facture de l’imprévoyance.
La nature est incontestablement l’une des richesses de la Basse-Normandie : landes, marais et tourbières, côtes, vallées, forêts et bocages constituent un patrimoine naturel exceptionnel qu’il nous faut préserver et valoriser. Mais ces paysages sont menacés, à court terme par une urbanisation peu maîtrisée, à moyen et long terme par les dérèglements climatiques, qui pourraient provoquer la disparition de plusieurs milliers d’espèces d’ici 2050. L’année 2010 a été déclarée année internationale de la biodiversité par l’Unesco. La Région a désormais un impératif : préserver la biodiversité, redonner toute sa place à la nature dans notre environnement, y compris urbain !
L’urgence est de préserver et de restaurer cette biodiversité menacée, en développant des aires protégées et en responsabilisant les acteurs du territoire face aux ressources naturelles. Il faut répondre aux enjeux liés aux conséquences d’une agriculture trop intensive sur la nature. Enfin, il faut, sans relâche, informer les citoyens, éduquer notamment les jeunes au travers d’activités de découverte de la nature et former décideurs et agents de terrain à la préservation de tout le potentiel du vivant.
La biodiversité recouvre l’ensemble des formes de vie sur terre (humaine, végétale ou animale), leur patrimoine génétique, ainsi que les relations qui existent entre les espèces entre elles et entre les espèces et leurs milieux. Une espèce menacée peut mettre en danger tout un écosystème (ou lieu de vie), car les espèces entre elles sont complémentaires. L’Homme en fait partie. La biodiversité est menacée par la pollution de l’air, des eaux et des sols, le bétonnage, l’exploitation irraisonnée des ressources et les manipulations génétiques.
Nos engagements :
1. Faire vivre la nature : mettre en place une trame verte et bleue
Le principe de la trame végétale et aquatique est de permettre d’assurer une continuité entre les milieux naturels, pour que les espèces animales et végétales puissent circuler et interagir, pour que les écosystèmes fonctionnent. En concrétisant ce « réseau du vivant », nous permettrons de limiter l’impact du mitage et de l’étalement urbain.
La trame verte et bleue sera pilotée localement en association avec les collectivités locales et en concertation avec les acteurs de terrain. Objectif : restaurer la nature en ville et lutter contre la régression des surfaces agricoles et naturelles.
2. Lancer un plan « Basse-Normandie zéro pesticides »
Les pesticides sont l’une des raisons principales de disparition de nombreux oiseaux, petits mammifères, abeilles et autres insectes. Dans les villes, ils sont encore beaucoup utilisés dans les parcs et espaces verts alors que des techniques simples permettraient d’en réduire fortement l’usage, préservant de nombreuses espèces et également la santé des habitants, des enfants et des personnes fragiles notamment.
Nous souhaitons donc relever le défi « Zéro pesticides » pour une Basse-Normandie saine aux sols et à l’eau de bonne qualité, base de toute vie !
– Relever le défi du « Zéro Pesticide » et « Zéro OGM » par la formation, la conversion et l’installation des agriculteurs en agriculture biologique.
– Inciter et soutenir les communes pour une gestion des espaces publics et verts sans pesticides.
3. Préserver et valoriser les milieux naturels emblématiques de la région
La diversité des paysages bas-normands amène un tourisme chaque jour plus varié et de plus en plus tourné vers la découverte des territoires ruraux et naturels. Développer un savoir et un savoir-faire pour accompagner un « éco »-tourisme en devenir est un défi que nous souhaitons relever. Il s’agit de valoriser le patrimoine naturel tout en développant les métiers du futur.
Enfin, les sites qui bénéficient d’un statut de protection doivent être renforcés. La Région peut inciter chacun/e à protéger une mare, une tourbière, une prairie humide à orchidées grâce au dispositif des Réserves naturelles régionales encore trop peu promu.
Nous proposons donc de :
– Promouvoir la création de nouvelles Réserves naturelles régionales auprès des habitants.
– Promouvoir un véritable écotourisme – diffus dans le temps et l’espace – permettant de valoriser les efforts de protection du vivant, de sensibiliser à son respect et d’apporter un vrai complément de revenu aux ruraux.
– Prévoir l’arasement des barrages de Vezins et de la Roche qui boit, après avoir restauré la biodiversité du bassin versant de la Sélune, traité les boues polluées retenues par les barrages, organisé une agriculture non polluante, permis la conversion des emplois générés par les activités touristiques liés aux barrages et surtout avoir permis localement la production d’énergie renouvelable pour compenser celle des deux barrages (15000 pers). L’arasement des barrages doit être la dernière étape, non la première, d’un processus de restauration de la biodiversité de la vallée de la Sélune ! En partenariat avec les populations et collectivités locales.
4. Lutter contre la prolifération des algues vertes en lien avec les métiers de lʼagriculture
Les marées vertes sont un symptôme grave des pollutions de l’eau. Elles menacent les activités de mer autant que les écosystèmes littoraux. Elles sont surtout la conséquence du laxisme de l’Etat et la résultante d’un modèle agricole à bout de souffle.
– Répondre à l’urgence en mettant en place une stratégie ciblée en concertation avec les acteurs de terrain dans les secteurs les plus critiques.
– Réorienter les aides agricoles vers des pratiques responsables et alternatives aux apports d’engrais azotés.
5. Soutenir et systématiser l’éducation à l’environnement
L’éducation à l’environnement et au développement durable est la pierre angulaire d’une évolution des pratiques de chacun et d’un ré-apprentissage de l’importance du vivant. Elle permet de responsabiliser chacun et de nous rendre tous acteur de la préservation de notre environnement. Par ailleurs, il est essentiel de renforcer les filières d’enseignement naturaliste et de favoriser les échanges entre les universitaires, les collectivités et les associations. Nous accompagnerons les réseaux associatifs et les citoyens « sentinelles de l’environnement ». L’éducation à l’environnement sera une priorité !
– Instaurer un travail de concertation avec les associations dʼéducation à lʼenvironnement et les structures dʼétude et de protection des milieux.
– Favoriser le développement de la connaissance scientifique de notre patrimoine naturel.
– Inciter chacun à favoriser la biodiversité dans son environnement proche. Inciter les citoyens au jardinage éco-responsable favorable à la biodiversité ordinaire et réinstaurer la nature en ville en relation avec les collectivités locales.
Eco-conditionnalité
Il est essentiel de faire de la préservation du vivant (milieux naturels, faune, flore) un axe transversal de toute politique régionale. Chaque subvention sera instruite en fonction de l’impact « biodiversitaire » attendu, ici ou ailleurs.