Plutonium à Cadarache

Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) vient de déclarer à l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) qu’il s’était trompé dans l’évaluation des quantités de plutonium présentes dans son Atelier de technologie plutonium (ATPu), en cours de démantèlement à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Cet « incident » est d’une extrême gravité :

1. Après le scandale du plutonium de retraitement français laissé en dépôt à Tomsk-7 (Russie) dans un site à ciel ouvert, l’industrie nucléaire (CEA et Areva) joue *contre la transparence* en divulguant aujourd’hui ses défaillances à son gendarme (ASN) quatre mois après les avoir constatées (juin). Même entre eux, les acteurs du nucléaire se cachent des informations sensibles. Que dire de l’information délivrée au gouvernement et à la population ?

2. Ce scandale a des conséquences considérables sur la sûreté nucléaire. La présence de grandes quantités de plutonium en un même lieu peut engendrer un « accident de criticité », c’est-à-dire une explosion de type bombe atomique. L’ASN ne s’y est pas trompé en ordonnant au CEA d’*arrêter immédiatement les opérations de démantèlement* et en qualifiant le risque, pour la première fois dans ce domaine, de « *grave et imminent* ».

3. Les conséquences sur la sécurité nucléaire sont également inquiétantes. Cette comptabilité défectueuse du CEA sur les quantités de plutonium dans l’Atelier (8 kg, rectifiés en 22 kg, extrapolés en 39 kg) démontre *le manque de rigueur* de cet organisme qui se prétend pourtant le meilleur du monde. Cette ignorance comptable démontre aussi combien il est facile de détourner des kilogrammes de plutonium pour *alimenter la prolifération nucléaire* et le trafic de matières fissiles ultra sensibles.

4. Cet incident remet en cause la doctrine française du retraitement des combustibles usés issus des réacteurs nucléaires. Quand on est *incapable de savoir quelles quantités de plutonium on fabrique* par le retraitement, quelles quantités on transporte de La Hague (Manche) à Cadarache ou à Marcoule (Gard), et quelles quantités on stocke sur les étagères de ses Ateliers, il est préférable de renoncer au retraitement.

*Les députés Verts à l’Assemblée nationale déposeront la semaine prochaine une demande de Commission d’enquête parlementaire sur cette affaire gravissime.*

Pour les députés,

Yves Cochet

Yannick Jadot

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