Japon. Notre tristesse est immense, comme l’est notre colère

A Caen, le 15 mars 2011

Alors qu’un accident nucléaire majeur est toujours en cours au Japon, menaçant d’aggraver encore la tragédie subie ces derniers jours par l’archipel, nous voulons dire notre entière solidarité, notre plus totale compassion au peuple japonais.

La situation évolue d’heure en heure, avec pour seule constante, depuis cinq jours, que les choses s’aggravent.

L’exploitant de Fukushima, l’électricien Tepco, semble perdre la maîtrise de l’accident, qui suscite désormais la très forte inquiétude des autorités de sûreté nucléaire, au Japon et dans le monde. Nous saluons l’héroïsme des équipes qui, au cœur de la catastrophe, déploient au péril de leur vie tous les moyens possibles pour enrayer le pire.

Notre tristesse est immense, comme l’est notre colère.

La catastrophe de Fukushima est aussi la nôtre : comme d’autres catastrophes, elle appartiendra désormais au patrimoine de toute l’humanité. S’il est trop tôt encore pour en tirer toutes les leçons, et s’il ne demeure plus que la force d’espérer que le pire n’arrive pas, il est impossible de ne pas reconnaître que « le pire n’est pas inimaginable » en Europe, comme l’a déclaré hier le commissaire européen à l’énergie, Gunther Oettinger.

Dans plusieurs pays de l’Union européenne, des gouvernements ont pris la mesure de l’évènement, et annoncé des révisions importantes de leur politique énergétique. En France, face à l’ampleur de la tragédie, les accusations portées contre celles et ceux qui souhaitent que soit entendue la leçon de Fukushima sont aussi indignes qu’inappropriées.

Il est temps de prendre la mesure des risques démesurés que le nucléaire fait peser sur notre avenir comme sur notre présent. Il est temps de prendre les bonnes décisions, et d’abord de renoncer dès maintenant à l’exploitation des centrales les plus dangereuses, en particulier celles mises en service avant 1980, et d’arrêter les chantiers et projets en cours, dont celui de l’EPR àFlamanville. En agissant en concertation avec l’ensemble des acteurs de la filière, il est temps enfin d’engager une sortie du nucléaire.

L’illusion de la maîtrise du risque nucléaire s’est effondrée. Il s’agit d’en prendre conscience, et d’agir en conséquence.

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