Climat : Le réchauffement pourrait atteindre 4°C d’ici 2060

Source : ContreInfo

Faute d’une action rapide, le réchauffement pourrait atteindre 4°C d’ici 2060, avertissent les météorologues Britanniques.
Une nouvelle étude du Met Office du Royaume Uni, réalisée en prenant en compte le niveau d’émission actuel de CO2 – supérieur à celui du scénario le plus pessimiste du GIEC – ainsi que les boucles de rétroactions climatiques, conclut que le réchauffement pourrait atteindre 4°C entre 2060 ou 2070, si rien n’est fait pour réduire rapidement les émissions.
Par David Adam, The Guardian, 28 septembre 2008

Si le réchauffement de la planète n’est pas combattu, la génération actuelle pourrait subir une hausse des températures allant jusqu’à de 4°C, indique un nouveau rapport transmis au gouvernement britannique, dont les conclusions réévaluent considérablement les enjeux du changement climatique.

L’étude, réalisée pour le ministère de l’Énergie et du Changement Climatique par des scientifiques du Met Office, remet en cause l’hypothèse selon laquelle le réchauffement serait une menace qui ne concernait que les générations futures. Il avertit qu’une augmentation de 4°C de la température pourrait se produire d’ici à 2060, en l’absence de mesures fortes pour réduire les émissions.

Des représentants de 190 pays sont attendus aujourd’hui à Bangkok pour poursuivre les négociations sur un nouvel accord de lutte contre le réchauffement climatique, qui devrait être signé lors du sommet organisé par les Nations Unies en décembre à Copenhague.

« Nous avons toujours considéré que ces très graves conséquences affecteraient seulement les générations futures, mais la génération actuelle pourraient assister à une hausse de 4°C », a averti Richard Betts, le responsable de l’étude des impacts du changement climatique de l’Hadley Center du Met Office, qui s’apprête à rendre publics les résultats de l’étude à l’occasion d’une conférence qui se tient ce jour à l’Université d’Oxford. « Les gens vont dire que c’est un scénario extrême, et il s’agit d’un scénario extrême, mais c’est aussi un scénario plausible. »

Selon les scientifiques, une hausse de plus de 4°C par rapport aux niveaux pré-industriels pourrait menacer l’approvisionnement en eau de la population de la moitié du globe, entrainer la disparition de près de la moitié des espèces animales et végétales, et provoquer l’inondation des régions littorales peu élevées.

Une température moyenne de 4°C pourrait s’accompagner localement de variations bien plus élevées : le réchauffement en Arctique et en Afrique de l’ouest et du sud pourrait atteindre jusqu’à 10°C, avertit le rapport du Met Office.

Cette nouvelle étude actualise les conclusions du rapport 2007 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui estimait que la température moyenne de la planète augmenterait probablement de 4°C d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître. Le GIEC a également décrit un scénario plus pessimiste, dans lequel l’augmentation des émissions et des températures serait encore plus forte en raison d’un usage intensif des combustibles fossiles, mais celui-ci n’était alors pas considéré comme réaliste. « Ce scénario a été minimisé car nous étions plus circonspects il y a quelques années. Mais au rythme ou vont les choses, ce scénario plus pessimiste semble le plus plausible, » juge M. Betts.

Un rapport publié la semaine dernière par le Programme Environnemental des Nations Unies indique que depuis 2000 les émissions ont augmenté plus vite que ce que prévoyait le pire scénario du GIEC. « Dans les années 1990, tous ces scénarios supposaient que la volonté politique ou d’autres phénomènes auraient déjà entraîné une réduction des émissions de gaz à effet de serre. En fait, les émissions de CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles et des activités industrielles ont connu une progression. »

Les scientifiques du Met Office ont utilisé de nouvelles versions des modèles informatiques auxquels le GIEC avait fait appel pour élaborer ses scénarios. Ils ont été mis à jour pour prendre en compte ce qu’on appelle des rétroactions de carbone ou les points de basculement qui se produisent lorsque la hausse des températures entraine une augmentation des niveaux d’émission, comme c’est le cas par exemple avec les sols.

En faisant tourner ces modèles sur le scénario du GIEC le plus extrême, ils ont constaté qu’une hausse de 4°C pourrait intervenir d’ici 2060 ou 2070, selon l’importance de ces rétroactions. M. Betts a déclaré qu’il « est important de souligner que ce n’est pas un scénario catastrophe. Nous avons le temps d’arrêter cela si nous réduisons rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. » Les émissions doivent cesser d’augmenter et commencer à décliner fortement durant la prochaine décennie afin de se prémunir contre une hausse de 2°C, précise-t-il. Pour éviter le scénario des 4°C, ce pic d’émission devrait avoir lieu autour de 2030.

Un sondage réalisé au début de l’année par le Guardian auprès de 200 experts du climat a montré que la plupart d’entre eux s’attendaient à une hausse de la température de 3 à 4°C d’ici la fin du siècle.

Les conséquences d’une hausse 4°C sur l’agriculture, l’approvisionnement en eau et la faune seront débattues à la conférence d’Oxford, que les organisateurs annoncent comme étant la première à examiner de façon adéquate un tel scénario dramatique.

Mark New, le climatologue d’Oxford qui a organisé cette conférence, déclare que « si nous obtenons un accord insuffisant à Copenhague, il y aura alors non pas un petit risque d’une hausse de 4°C, mais un très gros risque. C’est seulement depuis cinq ans que les scientifiques ont commencé à réaliser que les 4°C sont de plus en plus probables et que c’est quelque chose que nous devons examiner sérieusement. » La limitation du réchauffement de la planète à 2°C ne pourra être obtenue qu’avec de nouvelles technologies permettant de capturer les gaz à effet de serre dans l’atmosphère. « Je pense que les décideurs le savent. Je pense qu’il y a une entente implicite sur le fait qu’ils négocient non pas sur 2°C mais sur 3 ou 5°C. »

 

L’article original sur contreinfo.info

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