Salon du nucléaire : la France s’obstine à promouvoir une industrie en déclin

Fukushima n’a pas refroidi les ardeurs de l’industrie nucléaire française à poursuivre son business, coûte que coûte. En organisant le premier salon mondial du nucléaire qui s’ouvre aujourd’hui à Paris-Le Bourget, elle cherche à exporter son « savoir-faire », alors que ses coûts de production ne cessent d’augmenter.

Europe Écologie – Les Verts Basse-Normandie trouve choquante la tenue d’un tel salon, alors même qu’aujourd’hui les députés doivent adopter le projet de loi sur la transition énergétique. Rappelons que grâce au travail des élus régionaux Europe Écologie – Les Verts, le conseil régional de Basse-Normandie a refusé l’accord d’une subvention de 35000 euros à Nucleopolis pour sa participation à ce salon.

Dans notre région la plus nucléarisée d’Europe, l’EPR en construction à Flamanville est à lui seul un révélateur de la dérive d’une filière en déclin. On sait désormais que son entrée en service prévue en 2016 ne sera en fait qu’une mise à l’essai, la production à plein régime n’étant programmée qu’en 2018 : soit un retard de 6 ans et un surcoût de 6 milliards d’euros, ce qui équivaut à trois fois le devis de départ! Sans oublier les deux accidents du travail mortels, les graves infractions au code du travail (qui feront l’objet d’un procès à Cherbourg) et les dysfonctionnements à répétition. Un chantier à l’image de son cousin finlandais, qui a pris 9 ans de retard et coûtera 8 milliards d’euros, soit plus du double prévu.

Au-delà du gouffre financier qu’elle engendre, l’énergie nucléaire pose des problèmes de sécurité considérable. Longtemps nié par les autorités françaises, ce risque ne peut plus être ignoré depuis la catastrophe de Fukushima. De nombreuses questions restent sans réponses satisfaisantes, en cas d’accident nucléaire survenant dans notre pays : comment évacuer la population alors que seul un plan est prévu dans les 10 km autour des centrales ? Quels territoires condamnés en zone interdite ? Comment décontaminer ? (voir dossier de Science & Vie, sept. 2014)

Face à un tel danger, il n’est plus permis de croire que le nucléaire est une industrie d’avenir. D’autant que le problème de ses déchets n’est pas résolu. Le retraitement ne permet pas d’éliminer les résidus les plus radioactifs qui resteront extrêmement dangereux pendant plusieurs milliers d’année, malgré leur stockage, à La Hague ou ailleurs. Et les rejets en mer de liquide radioactif, tel que le tritium, sont autorisés en quantité importante…

Comment croire que le nucléaire est une industrie d’avenir, alors que le transport des déchets radioactifs (renvoyés dans leur pays d’origine après traitement) par convois ferroviaires se fait en secret, sans garantie de la sécurité des populations ?

Comment croire que le nucléaire est une industrie d’avenir, quand sa production d’électricité s’achemine vers les lieux de consommation par des lignes aériennes à très haute tension, dont les champs électromagnétiques entraînent des risques sanitaires pour leurs riverains ?

Comment croire que le nucléaire est une industrie d’avenir, alors que la mise aux normes post-Fukushima coûtera au moins 55 milliards d’euros  à la France qui compte 19 centrales nucléaires, soit 58 réacteurs actuellement en fonctionnement ?

Comment croire enfin, que le nucléaire assure l’indépendance énergétique de la France, alors que sa matière première est lointaine et épuisable ? L’uranium nécessaire à cette industrie est importé du Kazakhstan, du Canada et surtout du Niger, un pays où le risque terroriste est majeur. La sécurité d’approvisionnement coûte très cher, alors même que l’exploitation des mines donne lieu à des contrats de plus en plus difficiles à négocier, en raison de la demande croissante et légitime de transparence et de respect des droits des populations locales.

Même s’il n’émet que peu de CO2, le nucléaire ne permet pas de répondre dans l’urgence à la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au contraire, l’énergie électrique issue des centrales ne pouvant pas couvrir les besoins lors des périodes de forte demande, l’hiver par exemple, nous sommes contraints d’avoir recours aux centrales à gaz, fioul et charbon, qui sont elles très émettrices de CO2. Par ailleurs, en captant les financements publics, le nucléaire entrave les investissements nécessaires au développement des énergies renouvelables.

Le projet de loi sur la transition énergétique propose de baisser la proportion d’énergie nucléaire à 50% au lieu de 75 d’ici 2025. Mais cette ouverture intéressante reste malheureusement bien maigre face aux enjeux actuels (voir le communiqué d’Europe Écologie – Les Verts Basse-Normandie du 2 octobre et l’article publié par Médiapart le 13 octobre). Aucune fermeture de centrale n’est clairement annoncée dans ce projet. Fessenheim, qui avait pourtant fait figure de cheval de bataille du candidat François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, ne figure nulle part dans ce texte.

Pour Europe Écologie – Les Verts Basse-Normandie, l’urgence est avant tout de réduire la facture énergétique en encourageant la rénovation du bâti et en bannissant toute forme de gaspillage d’énergie. Nous l’avons vu, le nucléaire coûte très cher à la France, y compris sur le plan sanitaire. Il est temps de reconsidérer notre rapport à l’énergie et à l’usage que nous en faisons. Consommer moins mais mieux, voilà un vrai défi que l’État doit aider ses concitoyens à relever.

Il est également primordial de favoriser le développement des énergies propres et renouvelables, créatrices d’emploi et aussi pertinentes sur le plan écologique que sur le plan économique. Sur ce terrain la France reste en retard par rapport à ses voisins européens, alors même que les progrès techniques permettent une pluralité de solutions toujours plus pointues. Éolien, hydrolien, hydraulique, biogaz et solaire doivent occuper le premier plan pour, à terme, remplacer le nucléaire ne nous promettant qu’un avenir bien sombre.

 

Europe Écologie – Les Verts Basse-Normandie

25 rue Varignon, 14000 Caen / 09 52 50 67 14

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